La Chine, à la pointe de la transition numérique

Les GAFA chinois: Baidu, Alibaba, Tencent et Xiaomi (BATX)

Les firmes américaines qui forment les GAFA ont toutes désormais leur réplique en Chine : le moteur de recherche Baidu (Google), le site de vente en ligne Alibaba (Amazon), Tencent (Facebook)  avec notamment sa messagerie Wechat et le fabricant de mobiles Xiaomi (Apple). Alibaba recense plus de 450 millions de clients, contre 310 millions pour Amazon.

La Chine a plus de 34 compagnies dont la valeur dépasse le milliard – aussi appelés « licornes ».

Pourquoi la Chine a t -elle autant de champions et pas nous? Premièrement, ces entreprises ont été protégées dans leur croissance par le mur numérique que la Chine a mis en place. Deuxièmement, les liens entre le gouvernement et ces entreprises sont complexes. La plupart ont du instituer des comités du parti en leur sein. Le gouvernement menace régulièrement de prendre une participation de 1% dans leur capital.

BATX GAFA Grande muraille numérique Chine

La grande muraille numérique protège les BATX

WeChat, l’appli utilisée par un milliard de chinois

Tencent est devenu la cinquième capitalisation boursière mondiale début 2018, dépassant Facebook. Ses profits reposent essentiellement sur trois activités: la messagerie (Wechat), la vidéo (Tencent Video qui est un équivalent de Netflix) et les jeux vidéos. Tencent détient l’éditeur de jeux Riot et en particulier le jeu extrêmement profitable « l’honneur des rois » (Arena of valor).

La messagerie instantanée WeChat (wexin) est l’appli incontournable de près d’un milliard de Chinois dont elle gère de plus en plus le quotidien.

Les Chinois passent un tiers de leur temps de smartphone sur wechat. L’application est un hub qui permet de tout faire sur le web. Elle contient des « Mini programs »  qui sont accessibles via un lien html – et ne nécessitent pas de téléchargement sur un App Store tiers. Il existe près de 580 000 mini programs. Ils offrent de nombreux services : réserver des billets, commander des repas, louer un vélo, faire du shopping en ligne, trouver un Wi-Fi, obtenir une traduction, scanner un produit dans un supermarché et l’acheter automatiquement sans faire la queue aux caisses, gérer des points fidélité…

En 2017, plus de 170 millions d’utilisateurs ont utilisé des mini programmes quotidiennement. Google étant interdit en Chine, le Play Store n’existe pas, ce qui donne un intérêt tout particulier à ces mini programmes.

La ville de Guangzhou permet même à ses citoyens de payer leurs amendes routières via un mini program (difficile de s’imaginer payer ses amendes au Trésor Public en quelques secondes sur Messenger…).

Un test est mené depuis début 2018, pour utiliser l’application wechat comme carte d’identité officielle (WeChat ID), avec de la reconnaissance faciale.

Wepay et Alipay, vers la fin de la monnaie?

Wepay, le système de paiement par mobile de WeChat et Alipay, l’application développée par Alibaba, s’installent dans la vie quotidienne des Chinois jusqu’à quasiment faire disparaître l’usage de la monnaie physique.

Leur succès vient essentiellement du fait qu’il n’y avait pas de carte bancaires en chine. Ces programmes  simplifient donc la vie des Chinois et ceux -ci n’ont pas les mêmes réticences que nous à lier leur compte bancaire à des applications mobiles.

La Chine, Paradis ou enfer numérique?

La presse s’est émue ces derniers mois du fait que la Chine développait des notations sociales, en faisant le parallèle avec un épisode très marquant de Black Mirror. Est ce vrai? Il y a en réalité, plusieurs projets en parallèle entre lesquels les articles font une confusion.

Le gouvernement chinois est en train de mettre en place un système de « notation sociale » afin de récompenser les bons citoyens. Le projet est dans la continuité des outils développé dans le passé par le gouvernement et est testé dans le province de Rongcheng. Il doit être totalement opérationnel en 2020.

En parallèle, Tencent et Alibaba travaillent depuis 2015 sur un score de crédit, avec l’accord du gouvernement.

Tencent credit devait être lancé en février 2018 et devait prendre en compte les antécédents en matière de crédit, les comportements de consommation, le casier judiciaire, les antécédents routiers et le score de vos amis proches. A peine lancé, il a été mis en stand by. Les relations de Tencent et Alibaba avec le gouvernement sur ce sujet sont complexes car celui ci ne veut pas libéraliser complètement le crédit.

Le système développé par Alibaba, Sesame credit, a plus de 520 millions d’utilisateurs. La disposition très controversée dont s’est émue la presse occidentale repose sur une liste noire de la cour suprême chinoise qui interdit à 170 000 personnes en défaut de paiement d’accéder aux trains rapides ou aux avions. Cette liste a été incorporée au sein du système « Sesame credit » d’Alibaba empêchant les personnes concernées de bénéficier de cautions gratuites pour la location de voiture ou de vélo ou encore de réserver des hôtels avec le Sesame credit.

Ceci dit, les choses évoluent rapidement car il semblerait que la Chine réfléchit elle aussi à un RGPD chinois.

Pour aller plus loin: cet article de Jean-Jacques Valette, La Chine, vraie startup nation ? 

 

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