Les 4 challenges à résoudre pour une transition numérique écologique

1- Eviter un monopole total des pays producteurs de métaux rares

La production d’équipements numériques est fortement consommatrice de terres rares, faiblement recyclables et dont les réserves accessibles sont limitées.

Alors qu’un appareil électrique moyen n’utilisait il y a 30 ans que 10 éléments chimiques différents, un smartphone en contient plus de 40.

Les terres rares sont incroyablement difficiles à extraire et polluantes, ce qui explique pourquoi peu de pays permettent leur extraction à l’intérieur de leurs propres frontières. En 2011, la Chine a temporairement suspendu les ventes de RAM au Japon en raison d’un différend territorial – cela a été une catastrophe économique pour l’industrie électronique de ce dernier.

Les ressources de lithium, un composant clé dans les batteries de voitures électriques et de smartphones, sont limitées. Les pays et entreprises se bousculent pour racheter des mines de lithium à travers le monde afin de s’assurer un accès futur. La Bolivie possède 50 % des ressources.

Le commerce du cobalt, un autre élément essentiel dans la technologie des batteries, est concentré autour de la République démocratique du Congo (qui détient plus de 50 % de la ressource mondiale ). Il n’est pas très durable à long terme de compter sur une chaîne d’approvisionnement dans un pays déchiré par la guerre.

Si la croissance des besoins en terres rares ne ralentit pas, cela pourrait conduire à une impasse technologique. Toujours moins concentrés, ces métaux nécessiteront de plus en plus d’énergie pour leur extraction.

En fin de vie des équipements, les filières de traitement ne sont pas toujours adaptées. A peine 18 % des métaux présents dans nos ordinateurs portables sont aujourd’hui récupérés.

2- Inventer un ordinateur écologique

Internet consomme déjà 15% de l’électricité mondiale et la consommation énergétique du numérique augmente de 8 % par an.

Environ 30 % de cette consommation électrique est imputable aux équipements comme les ordinateurs, téléphones, objets connectés. 30 % est due aux data centers qui hébergent nos données.  40 % de la consommation est liée aux réseaux, les fameuses « autoroutes de l‘information ».

Une seule transaction Bitcoin consomme plus d’énergie que celle d’un foyer néerlandais en un an.

Le visionnage d’une vidéo en ligne de dix minutes disponible dans le «Cloud » induit  une consommation électrique équivalente à la consommation d’un smartphone sur dix jours ou encore à utiliser à pleine puissance pendant 5 minutes un four électrique de 2000W.

On sent bien qu’il faut inventer des ordinateurs beaucoup plus économes et vertueux.

3- Promouvoir le verdissement des grandes plateformes

Sous la pression des associations environnementales, les géants du numérique ont pris des engagements pour devenir plus verts. Google consomme 100 % d’énergie renouvelable depuis 2017. Ce chiffre est de 50% pour Facebook en 2018.

Des projets comme harvest ou HydroMiner cherchent à rendre les crypto-monnaies plus respectueuses de l’environnement en promouvant l’utilisation de l’énergie éolienne ou hydroélectrique pour le minage.

4- Promouvoir une frugalité de l’internet inspirée du libre

Avec Internet, on peut partager des informations, des idées, de la culture instantanément, presque avec le monde entier. C’est extraordinaire mais ça peut aussi être de l’énergie dépensée inutilement. Il faut simplement être vigilant à bien utiliser internet pour partager des choses importantes sans juste inciter à « l’infobésité »…

C’est un point qui m’a marqué dans le rapport Villani sur l’intelligence artificielle. L’essor de l’intelligence artificielle est de nature à renforcer les besoins en stockage et échange d’un volume croissant de données, et va exercer une pression sur le renouvellement des équipements pour augmenter les performances, etc. Le développement de l’intelligence artificielle ne sera soutenable que si de véritables réponses sont apportées à ces défis.

Les outils libres ne résolvent pas ces problèmes écologiques, mais ils pourraient initier une autre voie. Les solutions libres décentralisées cherchent la résilience (fonctionner de partout y compris via un vieux matériel) et se veulent compatibles avec des réparations plus faciles. Il existe du matériel informatique [hardware] libre:

  • Arduino est un circuit imprimé programmable avec des entrées et sorties multiples.
  • le Raspberry pi est un mini ordinateur peu gourmand en énergie, destiné à encourager l’apprentissage de la programmation informatique.

On peut faire quoi en tant que consommateur?

GreenIT.fr et le collectif Conception Numérique Responsable ont développé une méthodologie et des outils d’écoconception pour une transition numérique écologique. Une des principales recommandations est d’ allonger la durée de vie des équipements : ordinateurs et téléphones. Le shift project publie également des rapports très intéressant.

Les téléphones de la start-up néerlandaise Fairphone sont construits en utilisant uniquement des matériaux recyclés de manière éthique et permettent de mettre à niveau ou de réparer des morceaux individuels du téléphone.

Mes sources pour cet article sont principalement cet article de NESTA et le rapport de l’OPESCT sur les terres rares.

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